littérature·mois américain

Wild, Cheryl Strayed

Cheryl Strayed, 26 ans, n’a aucune idée de ce qu’elle fait et de ce qui l’attend lorsqu’elle boucle son sac à dos, avant de partir sur la Pacific Coast Trail, un sentier californien qui suit les chaines de montagne et qui relie la frontière mexicaine à la frontière canadienne.

Pourquoi décide-t-elle de faire ça, elle qui n’est jamais partie en randonnée plus de 24h ? C’est ce qu’elle nous racontera progressivement – du décès de sa mère, quelques années plus tôt, victime d’un cancer foudroyant, à tout ce qui a suivi et qui a plongé la vie de Cheryl dans le désastre, tout comme elle nous racontera son expérience dans la nature, de ses erreurs de débutante, ses (nombreuses) difficultés, ses moments de désespoir, à son émerveillement d’être plongée dans la nature sauvage (wild en version originale) et aux rencontres qui parsèmeront son parcours. Elle nous raconte tout ce qu’elle a vécu, en marchant, et la rédemption que lui offrira cette expérience.

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Inutile d’y aller par 4 chemins, voilà peut-être (sans doute) ma lecture préférée de l’année 2016. Cela faisait un moment que j’avais entendu parler de ce livre, notamment suite à son adaptation en film avec Reese Whitherspoon que j’aime beaucoup. Quand j’ai lu le résumé, il y a eu comme un déclic, quand tout s’emboite si parfaitement que vous vous dites que c’est trop. A quelques jours de mon départ en Californie, un départ voulu pour que le voyage me défasse des chagrins emmagasinés depuis trop longtemps, le récit de Cheryl résonnait fortement avec mon projet de voyage (toutes proportions gardées, le mien était moins extrême évidemment).
Je savais que c’était ce livre qui m’accompagnerait pendant mon périple – et pour m’accompagner, il l’a fait. Trimballé de la France à la Californie par dessus un océan et un continent, soit pas moins 9000km, puis partout pendant 4000km sur la route, corné à force d’être mis et enlevé de mon sac à dos, puis revenu à nouveau à Paris, victime d’un accident de maquillage – sa tranche est désormais habillée d’une tâche rouge qui va étrangement bien avec la couverture – il m’a suivie partout, et a tant résonné en moi qu’il restait dans mon esprit même quand je ne le lisais pas. J’en ai beaucoup parlé à de nombreuses personnes, et en particulier à Coloc qui pensait presque que Cheryl Strayed était mon nouveau guru, tant j’ai dit de phrases commençant par « D’ailleurs Cheryl Strayed a dit » / « C’est drôle parce que Cheryl Strayed en parle justement… »

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La vraie Cheryl Strayed dans l’Oregon, aout 1995

Le récit de Cheryl est brut, elle le raconte avec une sincérité si poignante qu’on ne peut s’empêcher de rire, d’être émerveillé et de pleurer avec elle. Je  vous laisse imaginer la scène quand tu pleures à chaudes larmes quand elle raconte le moment -bouleversant- de la mort de sa mère et que l’hôtesse de l’air vient te proposer un café. Sa force de caractère est impressionnante ; son récit aurait pu être une compilation de plaintes sur la dureté de sa vie, mais au contraire, elle ne se plaint finalement que très peu, et fait souvent passer son désarroi par l’humour. On ressent à travers les réactions des autres leur respect pour ce qu’elle a entrepris, de partir seule avec son énorme sac, surnommé Monster, qu’elle peine à porter, et on partage ce respect.

“Each night the black sky and the bright stars were my stunning companions; occasionally I’d see their beauty and solemnity so plainly that I’d realize in a piercing way that my mother was right. That someday I WOULD be grateful and that in fact I was grateful now, that I felt something growing in me that was strong and real.”

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Cheryl part dans l’objectif de se retrouver en chemin, de mettre enfin un sens à sa vie, et aux errances qui l’ont ponctuée dans les dernières années, de rencontrer, non pas celle qu’elle était avant les drames qu’elle a connus, mais celle qui émerge après avoir mué, et retiré les peaux mortes de sa vie d’avant, celle qui n’attend qu’à être trouvée. Elle met du temps, mais peu à peu, elle laisse derrière elle, comme autant de cailloux semés ces choses douleureuses. Et ce qu’elle découvre, est qu’il n’y a pas forcément de sens à trouver, que parfois il suffit de voir les choses, sans tout comprendre. Que tout ce qu’elle a à faire, que la chose la plus incroyable, « wild » qu’elle puisse faire est de laisser aller, to let it be.

« Everything except the fact that I didn’t have to know. That is was enough to trust that what I’d done was true. To understand its meaning without yet being able to say precisely what it was, like all those lines from The Dream of a Common Language that had run through my nights and days. To believe that I didn’t need to reach with my bare hands anymore. To know that seeing the fish beneath the surface of the water was enough. That it was everything. It was my life – like all lives, mysterious and irrevocable and sacred. So very close, so very present, so very belonging to me.
How wild it was, to let it be.”

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Cheryl Strayed à Crater Lake, aout 1995

Une lecture inspirante, qui m’a beaucoup touchée et fait réfléchir,qui donne tant envie de faire comme elle et de partir avec son sac et ses chaussures de rando, sans se soucier du reste.Une lecture qui restera très longtemps en moi, je le sais.

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28 réflexions au sujet de « Wild, Cheryl Strayed »

  1. Il y a comme ça des livres que l’on rencontre au bon moment et qui font écho longtemps car ils nous correspondent à cet instant précis… Tu fais envie et je suis contente qu’il t’ait fait du bien (avec le voyage en prime) 😉

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  2. Whaouh, tu en parles bien dis donc ! ça donne carrément envie de le lire. Je vais voir s’ils l’ont à la médiathèque. J’espère que ta rentrée s’est bien passée (mais es-tu rentrée ?! J’ai un peu l’impression que ton esprit traîne encore on the road… isn’t it ?!)

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    1. Je suis ravie si ça te pousse à l’emprunter. Sinon au pire il est sorti en poche !
      Ahah ce que tu dis n’est pas faux, j’ai encore un pied sur la route… Et je pense déjà au prochain voyage ! Le monde est si vaste et si beau, ça donne envie de le parcourir autant que possible !

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  3. Tu es effectivement très enthousiaste ! C’est vrai que ce genre de parcours fait rêver. Je crois que nous sommes nombreux à avoir envie de partir, profiter du monde qui nous entoure en oubliant le reste.

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    1. Oh tu ne peux pas savoir à quel point ça me fait plaisir de lire ça !! Donne moi régulièrement un point lecture ! Oui c’est très émouvant, et je trouve qu’elle parle avec beaucoup d’humanité et en même temps de simplicité de tout cela. Voilà pourquoi je ne pouvais m’empêcher de pleurer à certains moments !

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      1. Ah mais je comprends ! Moi aussi je la trouve extrêmement attachante cette fille, je l’imaginais au début, perdant sa chaussure gauche en pleine montagne, ou avec son énorme sac Monster !! Je t’en parlerai, d’accord !!

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  4. j ai vu le film et ça m’a fait une forte impression. d ‘autant que je. fais de la rando pas aussi extrême mais cette sensation de beauté infinie qui sublime la vie qui nous éloigné du quotidien pesant surtout pesant à cause d un boulot et de gens deda’nds que je n’aime pas
    mais oui c’est magnifique

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